Eleez et Mouono présetent les Silhouettes de l’Âme

Le jeudi 19 juin 2025 à Marcory, la galerie Walls a accueilli le vernissage de l’exposition « Silhouettes de l’Âme » des artistes Eleez (Elizabeth Chioma Ekpetorson) et Paul Onobiono dit Mouono.
Dans Silhouettes de l’âme, les deux peintres s’accordent autour d’un même geste : celui de représenter l’invisible. Leurs tableaux, chacun avec sa propre écriture plastique, dessinent un territoire sensible où le corps devient réminiscence. Ils interrogent nos émotions enfouies. Leurs figures, souvent anonymes ou partiellement effacées, semblent flotter entre apparition et disparition. Elles ne se livrent pas tout à fait, mais suggèrent, murmurent et convoquent l’intime.
Les visages voilés de l’artiste nigériane Eleez évoquent la vulnérabilité comme puissance. Eleez développe une pratique picturale profondément personnelle et introspective. Si ses débuts sont marqués par l’influence de courants artistiques tels que le cubisme ou l’impressionnisme, l’artiste s’affranchit aujourd’hui de toute catégorisation pour affirmer une expression libre et sincère. Son art est nourri par son vécu, tout autant que l’acte de création influence sa manière d’exister. Les formes humaines, omniprésentes dans son œuvre, servent de miroir à ses émotions et deviennent les vecteurs de souvenirs intimes. À travers ses nus et ses portraits voilés, Eleez cherche à dévoiler l’essence même de l’être, au- delà des apparences physiques. Son art célèbre l’authenticité, la vulnérabilité et la puissance de l’acceptation de soi, sans condition ni compromis. Son œuvre s’adresse aux voix étouffées, aux corps marginalisés, à celles et ceux qu’on voudrait invisibiliser. Peindre devient alors un acte de résistance, un souffle de liberté destiné à chaque être humain.
De son côté, les compositions minutieuses de Mouono, natif du Cameroun, mettent en scène des figures fragmentées et pleines de présence, comme suspendues dans le temps. Il s’initie aux techniques académiques à l’Université de Yaoundé où il obtient une licence en Arts Plastiques et Histoire de l’Art. Très vite, celles-ci lui deviennent des cadres trop étroits pour son expression personnelle. Animé par une curiosité insatiable, il développe alors une approche singulière, en rupture avec les conventions. Son travail naît souvent de photographies – personnelles ou trouvées en ligne – qu’il s’approprie, réinterprète et transforme. À travers la peinture à l’huile ou l’acrylique, appliquée avec une étonnante précision grâce à une simple cuillère à café, il insuffle à ses figures une tension saisissante entre fixité et mouvement. Mouono explore les enjeux de l’identité, les strates de la mémoire individuelle et collective, donnant à voir des corps à la fois incarnés et symboliques. Son œuvre interroge notre rapport au passé, à l’image, et à ce que signifie “être” dans un monde en perpétuelle redéfinition.
Les silhouettes, chez l’un comme chez l’autre, ne sont jamais de simples contours. Elles incarnent des récits muets, des mémoires multiples, des identités en tension.
L’exposition qui sera visible à la galerie Walls jusqu’au 19 août 2025 propose un véritable parcours introspectif, un espace où le regard s’attarde et tente de percer les mystères de l’âme humaine.
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