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Marius Kouakou, l’infatigable champion d’Afrique qui fait rayonner la Côte d’Ivoire dans le monde de l’ultra endurance

Il est le visage d’une nouvelle génération de coureurs africains qui repoussent les frontières de l’endurance humaine. Marius Kouakou, nouveau champion d’Afrique de Backyard Ultra, vient une fois encore d’inscrire son nom dans l’histoire. Le coureur ivoirien a récemment participé à l’Ultra-Tour du Lac de Monteux, en France — une épreuve réputée pour sa technicité et son exigence — où il a battu de nouveau le record d’Afrique de Backyard Ultra , en réalisant 85 boucles, soit plus de 575 kilomètres parcourus en 85 heures consécutives.

Un exploit majuscule qui place Marius parmi les meilleurs mondiaux du format Backyard Ultra, aux côtés des références internationales comme Harvey Lewis ou Phil Gore. Interview.

Tout d’abord félicitations pour ce nouveau record. Qu’avez-vous- ressenti au moment de franchir la 85ᵉ boucle et les 575 km ?
Merci beaucoup. C’était un mélange d’émotion, d’épuisement et de fierté. À ce moment-là, on ne pense plus vraiment. Le corps est vidé, blessé, mais le mental prend le relais. Quand j’ai terminé cette 72ᵉ boucle, j’ai eu une pensée pour ma famille, pour la Côte d’Ivoire, et pour tous ceux qui m’encouragent depuis mes débuts.

Comment s’est déroulée ta préparation avant cette course ?
Je me suis préparé plusieurs mois en amont. En Côte d’Ivoire, je m’entraîne souvent dans des conditions de chaleur et d’humidité extrêmes, ce qui forge la résistance. Ensuite, j’ai adapté ma préparation au format Backyard, qui demande un équilibre entre endurance et récupération. On court 6,7 km chaque heure, ce qui veut dire qu’on doit aussi apprendre à courir doucement, même marcher vite, à se reposer en quelques minutes, à gérer le sommeil et l’alimentation. Avant Monteux, j’ai fait beaucoup de km , jusqu’à près de 300 km par semaine, travailler la récupération avec des périodes de sommeil de 3 à 8 mn, établi un plan spécifique de nutrition.

Le format Backyard Ultra est souvent décrit comme une épreuve mentale plus que physique. Vous confirmez ?

Oui, totalement. C’est une course contre soi-même. Après 40 boucles, la fatigue physique devient insupportable, le sommeil apparait, et c’est le mental qui prend le relais. Chaque heure, il faut se relever, repartir, même quand tout ton corps te supplie d’arrêter. C’est une épreuve de volonté, de gestion et de solitude aussi. Mais c’est ce que j’aime : se découvrir dans la douleur, et aller plus loin que ce qu’on croyait possible. Mais c’est aussi un travail d’équipe car chaque période de repos est géré de manière précise par mon équipe d’assistance que je profite pour remercier.

Comment vous ont accueilli les coureurs européens à Monteux ?
Très bien ! Il y avait un grand respect mutuel. Beaucoup connaissaient déjà ma performance en Afrique, et ils m’ont encouragé dès le départ. Ce genre de course crée une fraternité entre les participants, car on partage la même souffrance. J’étais fier de représenter la Côte d’Ivoire et l’Afrique, et je crois que j’ai montré que nous pouvions être compétitifs à l’échelle mondiale.

Quels sont vos prochains objectifs ?
En 2026, je vais participer déjà à la 4ème édition de la Backyard Ultra Abidjan le 23 mai prochain. C’est l’évènement qui m’a lancé dans le monde de l’ultra endurance et j’invite tous les coureurs à venir participer à son propre niveau. Je devrais aussi participer à d’autres backyards internationales où j’espère battre mon propre record et porter encore plus haut les couleurs ivoiriennes. Mon ultime objectif reste ma participation à la Backyard Ultra Individual World Championship en 2027. Je devais y participer cette année mais faute de visa cela n’a pas pu être possible.

Un message à transmettre à la jeunesse africaine ?
Oui. Ne vous fixez pas de limites. Même si vous partez de rien, la passion et la persévérance peuvent tout changer. Ce que j’ai accompli, d’autres peuvent le faire, dans le sport ou ailleurs. L’important, c’est de ne jamais abandonner.

Contact presse : backyardultraabidjan@gmail.com | +225 07 99 98 98 01 / 05 54 44 70 39

Encadré

🥇 De Port Bouet à Monteux : la marche lente d’un guerrier

Originaire de Gagnoa, Marius Kouakou a débuté la course à pied comme beaucoup : par passion, sans moyens particuliers. Peu à peu, il s’est forgé une réputation dans les compétitions locales avant de se lancer dans les courses d’endurance longue distance. Son engagement et son mental hors norme lui ont valu dans un premier temps une reconnaissance national ou il est devenu champion de Cote d’Ivoire à la Backyard Ultra World Team championship en octobre 2024 puis une reconnaissance continentale lors du Backyard Ultra de Beaurain en Belgique au mois d’avril 2025, où il est devenu le nouveau recordman d’Afrique, réalisant déjà une performance qui semblait imbattable avec 56 tours, soit 375 km en 56 heures..

Mais Marius ne s’est pas arrêté là. Avec la régularité d’un métronome et une humilité désarmante, il s’est envolé pour la France afin de participer à l’Ultra-Tour du Lac de Monteux, une épreuve au format “Backyard” où les coureurs doivent réaliser une boucle de 6,706 kilomètres chaque heure, sans interruption, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un seul concurrent capable de repartir.

Texte & photos : Alain Jolivet

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