Abissa 2023 : enracinée dans la tradition
L’Abissa est une fête traditionnelle du peuple Nzima pour célébrer la nouvelle année. Elle se déroule dans les villes de Grand-Bassam et Tiapoum ainsi que les villages de Nouamou, N’guié et Eboinda en Côte d’Ivoire et a lieu d’octobre à novembre.
Immersion chez les peuples de l’or
Hello, hello la team ce mois nous serons au cœur du palais de BASSAM ! C’est avec or et parure que nous avons eu la chance de vivre l’ABISSA 2023. Comme le dit un proverbe «NZIMA SE YE KPALE A, E YE MAN EHOUN.É Ï TANE A, EYE MAN EHOUN» Ce qui signifie ‘’Si tu fais bien quelque chose, ou si tu la fais mal, c’est pour toi que tu le fais, non pour quelqu’un’’.
Pour ce numéro spécial de Décembre nous allons bien faire les choses avec nos touristes et aussi avec vous. Nous vous plongeons dans le folklore de la fête culturelle NZIMA.
Origine du peuple NZIMA
A l’origine, le peuple N’Zima communément appelé «Apollo» serait venu du Ghana voisin, habiles commerçants, nombreux et forts, avec les explorateurs et administrateurs des anciennes puissances coloniales, notamment les Anglais, les
Portugais, les Hollandais et ensuite les Français.
Selon feu Le cinéaste Roger Gnoan M’Bala, premier conseiller de Awoula Amon Tanoé, roi des N’Zima Kôtôkô de Côte d’Ivoire, le peuple a eu des contacts très poussés à l’intérieur de la Côte d’Ivoire.
Ils pratiquaient le commerce intérieur ou marché intérieur, appelé Ebonougoua et Egnuanzougoua en langue locale et qui signifie marché intérieur ou marché entre nous.
Les N’Zima vendaient un peu de tout : Ie tabac, le sel, les pagnes, la liqueur, et des serviettes. En outre, poursuit-il, il y avait parmi eux des planteurs de cocotiers.
Ce peuple a vécu intimement avec les autres peuples, ce qui a donné un métissage massif avec les colons français et les ressortissants de la sous-région.
Le peuple N’Zima doit son évolution à ce brassage. 7 (sept) familles sans frontières;
«Le peuple N’Zima Kôtôkô de Côte d’Ivoire est hiérarchisé. Et cette hiérarchisation est précise. Les N’Zima ont plusieurs institutions. A savoir l’institution des familles, de l’Abissa et de la chefferie royale.
Au-dessus, il y a le roi qui est élevé par les chefs des familles.
Le roi a toujours sous son autorité des chefs de village», explique Gnoan M’bala. Il poursuit, «en dehors de cela, iI y a des pratiques que les N’Zima ont codifiées comme le mariage, le décès. Toutes ces institutions renferment les aspects culturels et politiques. Au niveau de l’institution des familles, il y a sept grandes familles ou sept clans, qui forment une entité N’Zima». On a les Alonhomba qui ont pour symbole le raphia et la calebasse, c’est le siège régnant à Grand-Bassam.
Les N’Djuaffô ou les Ahua ou encore les Mahilé : ils ont pour symbole le chien et le Feu ; les Azanhounlé ont pour symbole l’igname et tout ce qui pousse sur la terre. Les Adahounlin ont pour symbole la graine palmiste et le perroquet. Les Ezohilé ont pour symbole l’eau, le riz et le corbeau. Les N’Vavilé quant à eux, sont les propriétaires de l’Abissa. Les Mafilé ont pour symbole l’or. Toutefois les Mafilé et N’Vavilé ont les mêmes origines. Dans la vie courante ces deux familles sont toujours ensemble précise le cinéaste, Chaque famille, indique le premier conseiller du roi, à son symbole, son organisation interne et porte un nom singulier.
Le trône ou Aboussouan bia ne pose aucun problème. Chez les N’Zima, il n’y a pas de distinction de localité. Un N’Zima est un N’Zima. Il est régi par sa famille quel que soit l’endroit où il se trouve. C’est à l’intérieur des familles que tout se passe. Si au niveau des familles un problème quelconque ne trouve pas de solution, on l’expose au chef et dans le pire des cas au roi. A son niveau le jugement est sans appel. Ainsi, dans la société traditionnelle N’zima, le roi est le chef des 7 familles, le patron de ce peuple. Ces liens de familles s’étendent en pays Abouré et Baoulé, poursuivant, Gnoan M’bala indique que les N’vavilé ont découvert l’Abissa. A cet effet, tous les rites qui s’y déroulent relèvent de cette famille et de leurs enfants. Chaque famille est autonome. II y a la famille intérieure, à l’intérieur de laquelle se gère l’héritage et la famille extérieure qui forme la grande famille.
Elle se retrouve pendant les funérailles et autres grands événements.
Toutes les 7 familles sont à Grand-Bassam et se réunissent tous les mois pour accomplir le rite qu’on appelle Aboussouan Kpangny. La famille n’a pas de frontière. Chose qui fait la capacité et la force des familles.
Toutes les 7 familles réunies forment le peuple N’Zima dans sa globalité.
Place à la Cérémonie
Abissa c’est l’événement culturel le plus attendu, pour ne rien rater et vivre une
expérience nous avons embarqué avec David et ses touristes venus des quatre coins du monde pour être acteur principal de l’abissa. Nous l’avons vécu en deux événements notamment la cérémonie d’ouverture et celle de clôture, the final show.
Samedi 4 novembre 2023, le rideau est tombé sur l’édition exceptionnelle de l’Abissa 2023. Nous avons eu l’insigne honneur de participer à cette rencontre culturelle emblématique, aux côtés des figures politiques de Grand Bassam, dont le Maire Jean-Louis Moulot, et toutes les autorités royales, nos yeux furent remplis de joie et d’admiration pour la beauté du palais mais aussi le spectacle des allées et venues des groupes de famille tous aussi beaux les uns après les autres.
Pendant une semaine inoubliable, les habitants et les touristes ont vibré au rythme envoûtant de l’Abissa, une célébration folklorique d’une beauté captivante.
Hommes et femmes parés de tenues majestueuses, un Roi rayonnant, une
atmosphère de liesse générale – l’Abissa a véritablement tenu toutes ses promesses, préservant ainsi le coeur pulsant de la culture N’Zima.
Deux aspects majeurs de cette célébration ont particulièrement retenu notre Attention.
L’Abissa : Un Moment de Catharsis Sociale. Au sein de cette communauté, l’Abissa marque la transition entre deux années, offrant l’opportunité d’exprimer les frustrations et d’aplanir les tensions.
Au cœur de cette célébration réside une forme de critique sociale, où la population émet des avis sur les actions des différentes familles et du Roi lui-même. Cependant, cette critique, empreinte d’un esprit festif, se déroule avec le plus grand respect envers la dignité de ceux qui sont critiqués.
Elle s’exprime de manière mesurée et ordonnée, souvent accompagnée d’une touche artistique apportée par des chansonniers en uniforme. Ces moments illustrent des modèles de gestion des conflits que notre pays pourrait avantageusement s’approprier.
L’Abissa : Une École à Ciel Ouvert sur la Culture
En participant à l’Abissa, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur la manière dont cette célébration parvient à préserver son authenticité au milieu d’une modernité effrénée qui menace nos pratiques culturelles. La réponse réside dans la compréhension du peuple N’Zima : une connaissance non transmise de génération en génération risque de disparaître. Ainsi, pour perpétuer leurs traditions, ils mettent l’accent sur la transmission.
La danse Abissa, rythmée par des pas cadencés et une gestuelle millimétrée, va bien au-delà du simple plaisir de danser, véhiculant des messages significatifs.
Chaque soir, une école de danse à ciel ouvert offre aux plus jeunes l’opportunité d’apprendre les codes sous la direction de maîtres-danseurs.
La fête de réjouissance de clôture de l’Abissa
La fin d’une chose vaut mieux que son commencement, dixit un grand penseur
ivoirien. Ce proverbe traduit toute la joie et l’émotion qui nous animent après une semaine en immersion dans le pays profond NZIMA, car la fête de l’abissa a un effet carnavalesque et une ambiance assurée par les populations car il s’agit du nouvel an. C’est l’Apothéose ! Nous voilà encore sur la route de BASSAM pour vivre les derniers jours de l’ABISSA. DAVID a, à cet effet mis en place une offre weekend ABISSA pour mieux savourer les instants folklores et ambiance de l’abissa. La journée du samedi c’est la journée du golden. Il est 8h à notre arrivée sur le site toute l’organisation est mise en place pour annoncer la sortie du roi.
10H : entrée du roi et de la reine dans l’Abissa, présentation des sept familles NZIMA accompagné de danses de cohésion entre les familles puis cérémonie de procession de clôture de l’Abissa. Après le défilé du roi, place à la fête avec les costumes et des hommes déguisés en tenues de femmes, des femmes en parure et vêtements traditionnels et les filles en tenues de princesses, nous vivons ces moments comme un carnaval en pleine rue de Bassam sans oublier le maquis géant et les différents restaurants sur place qui proposent une large gamme de mets locaux .
19H : toujours dans l’ambiance nous découvrons une variété d’artistes et de groupe de famille et communauté pour présenter leurs richesses. Épuisés, nous décidons de regagner notre hôtel afin de nous reposer et revivre le lendemain la scène finale.
Jour 8 (dimanche) dernier jour de l’ABISSA : L’Ewoudolè (cérémonie d’au-revoir de l’Afantchè, la divinité du pardon de l’Abissa), et le Bouakèzo (bain de purification du roi) ; présentation des voeux au roi et message de nouvel an du roi. Nous étions heureux ainsi que les différents touristes d’avoir effectué le déplacement pour ces beaux moments de communion et d’échanges culturels. Pour immortaliser le moment, nous décidons pour la photo de famille de mettre nos beaux visages aux signes de l’abissa, des dessins à base d’argile et de traits akan pour montrer notre appartenance à la culture nzima.
C’est ainsi que cette danse atypique est transmise de génération en génération, préservant ainsi la richesse culturelle des N’Zima.
En conclusion, nous saluons les organisateurs de l’Abissa Grand-Bassam pour avoir offert une célébration aussi riche en traditions et en enseignements culturels.
Abidjan Planet