Didiga Festival 2025 : Retour sur la 6ème édition

Du 4 au 6 avril 2025, Yacolidabouo, village du département de Soubré, a abrité la sixième édition du Didiga Festival, placée sous le thème « Tous unis par la Culture ».
Bien plus qu’un simple rendez-vous artistique, l’événement a marqué les esprits par son engagement en faveur du développement communautaire, de la santé publique et de la mémoire collective.

L’un des moments forts de cette édition a été la remise d’un don important de matériel médical au centre de santé Vincent Leguennou. Offert par la Compagnie Ivoirienne de Production d’Électricité (CIPREL), ce geste d’une valeur de 13 millions de francs CFA s’inscrit dans une nouvelle dynamique médico-sociale du festival, qui ambitionne d’améliorer concrètement les conditions de vie des populations rurales. À travers cet acte, le Didiga Festival affirme son positionnement : celui d’un événement au service de l’humain, ancré dans les réalités du territoire.
La santé a également été au cœur d’une campagne de sensibilisation et de dépistage des hépatites, menée par le Dr Irie GOHI BI, hépatologue. Son message a été clair : ‘’connaître son statut permet de mieux se protéger et de protéger les autres’’. Plus d’une cinquantaine de personnes ont ainsi bénéficié de dépistages gratuits, preuve de la réceptivité du public et de l’impact concret de ces initiatives.

Dans le même élan de prévention, une conférence sur les addictions en milieu rural a été animée par le psychologue Daniel Thio, président de l’ONG Stop Addiction Côte d’Ivoire. Devant une audience composée de jeunes, d’éducateurs et de chefs coutumiers, il a alerté sur les ravages silencieux de la consommation de substances dans les villages, tout en appelant à la responsabilisation collective pour préserver la jeunesse.

Le festival a aussi été un moment de mémoire et de reconnaissance. Une marche symbolique, en hommage à deux grandes figures du patrimoine bété et ivoirien, Marcel Zadi Kessy et Bernard Zadi Zaourou, a rassemblé la communauté dans un esprit de recueillement. Le premier, grand bâtisseur et promoteur d’un développement enraciné dans les valeurs africaines. Le second, poète visionnaire et fondateur du Didiga, dont l’œuvre continue d’inspirer les luttes pour l’émancipation culturelle.
C’est d’ailleurs à cet héritage qu’a été consacrée la grande conférence du festival, dans la salle Seri Gbaloan, sous la houlette de Mme Soupé Lou Touboué Jacqueline, universitaire et spécialiste des études théâtrales. À travers une intervention passionnée, elle a revisité la pensée et l’esthétique de Zadi Zaourou, montrant comment l’art, le théâtre et la parole ont été pour lui des outils de transformation sociale durable. Le Didiga, tel qu’il l’a conçu, dépasse le cadre artistique : il est une philosophie vivante, un art du lien, une école de l’identité.

Bien sûr, la fête était aussi au rendez-vous. La cérémonie d’ouverture, haute en couleurs, a mêlé discours, danses, tenues traditionnelles et prestations artistiques dans une ambiance chaleureuse. Le banquet bété, moment de partage autour des mets typiques et des traditions, a renforcé les liens intergénérationnels, tandis que les concerts ont embrasé la scène, dans une explosion de rythmes et d’énergie.
Le Didiga Festival 2025 aura ainsi été une belle démonstration de ce que la culture peut produire de meilleur quand elle se met au service de la communauté : elle soigne, elle éveille, elle unit.
Mano