Fat Touré :Du mannequinat à l’entrepreneuriat, une success story pleine d’audace et de détermination


Mannequin, actrice et entrepreneure, Fat Touré partage son parcours passionnant, depuis ses débuts dans le mannequinat jusqu’à ses multiples activités entrepreneuriales. Elle évoque les défis auxquels elle a fait face, son incursion dans le monde du cinéma, ainsi que ses conseils pour réussir dans l’industrie de la mode et devenir une femme indépendante. Une histoire inspirante qui témoigne de sa persévérance et de son engagement envers ses aspirations.
Comment se fait la rencontre avec le mannequinat ?
Depuis ma tendre enfance, j’étais déjà attirée par tout ce qui touchait à la mode et à la beauté. Mon entrée dans le mannequinat s’est faite de manière fortuite. J’étais à l’arrêt de bus lorsque qu’une femme s’est approchée de moi et m’a dit que j’avais les traits pour être mannequin.
L’idée m’a plu, mais j’étais persuadée que mon père, fervent musulman, ne l’accepterait jamais. La dame a insisté pour que je l’emmène voir mon père.
Quelle a été la réaction de votre père ?
La dame lui explique les raisons de sa visite. Mon père se retourne et me regarde. Sincèrement, j’ai eu peur, et à ma grande surprise, il me demande si la proposition m’intéresse. J’ai répondu par l’affirmative. Il m’a alors donné sa bénédiction.
Quelle était la nature de ce défilé ?
Il était le tout premier de ma carrière. J’avais 12 ans et je devais défiler pour une collection pour enfants. Ça été une réussite mais mon père ne m’avait pas autorisée à me consacrer au mannequinat. Il insistait pour que je poursuive mes études au moins jusqu’au baccalauréat. La seconde fois que j’ai participé à un défilé, j’ai été cooptée par Alphadi.
Racontez-nous l’histoire avec Alphadi !
Un jour, alors que je marchais dans une rue du Plateau, Alphadi m’a aperçu et a demandé à l’un de ses employés de me contacter. Je suis arrivée et sur-le-champ, il m’a proposé de défiler pour lui. Figurez-vous que le même jour, il avait un défilé programmé pour l’après-midi. Tout a commencé à partir de là. Ensuite, Habiba Soukoulé (créatrice de mode) m’a invitée à son défilé. L’autre chance , c’est que je n’ai pas eu à faire de casting dans les débuts. J’ai été repérée directement par ces désigner précités.
Avec ce succès quel est désormais le regard de votre père ?
Je pense qu’il éprouve un sentiment de fierté,d’autant plus que suis allée au delà du bac. Un bac+5 et surtout que j’ai su garder les valeurs essentielles inculquées. J’en profite pour dire un grand MERCI à mes parents
Qu’est-ce que le mannequinat vous a apporté ?
En ce qui me concerne, je dirais que le mannequinat m’a apporté beaucoup d’assurance et de confiance en moi. J’ai commencé à m’accepter telle que je suis, moi qui avais honte de ma taille. Dans ce milieu, on se constitue un beau carnet d’adresses que l’on peut utiliser de manière positive.
Comment réussir dans ce milieu ?
Pour réussir dans ce milieu, il est essentiel d’aimer ce que l’on fait. Je le dis, chez nous, le mannequinat n’est pas un métier qui permet de vivre convenablement. On peut en faire un métier si l’on a la possibilité de contacter de grandes agences à l’étranger. Ici, il est possible de s’en sortir à condition de faire du mannequinat par passion tout en poursuivant ses études ou en ayant une autre activité. L’un des problèmes de certaines filles, c’est qu’elles veulent toutes se faire remarquer. Ainsi, elles se retrouvent à faire des défilés sans être rémunérées. Au début de sa carrière, cela peut être acceptable, mais une fois que l’on maîtrise tout l’environnement, il ne faut plus accepter de défiler gratuitement.
Pensez-vous à mettre sur pied une agence de mannequinat ?
Depuis que je suis entrée dans la mode, je suis devenue quelqu’un que les jeunes filles apprécient beaucoup. J’ai reçu plusieurs demandes de personnes souhaitant que je crée une agence de mannequinat. Cependant, je ne suis pas convaincue que le mannequinat puisse être une profession viable dans notre pays. Je ne souhaite pas me lancer dans cette entreprise car je ne vois pas de perspectives claires de carrière. Former les filles est une chose, mais je ne vois pas beaucoup d’opportunités par la suite. Je reste toutefois disponible pour de nombreuses filles que je conseille et à qui j’apprends à marcher.
De la mode au cinéma… comment ça se fait ?


Alain Guikou, un réalisateur m’a sollicitée pour son film intitulé “Signature”. J’ai participé à une journée de tournage et je n’y suis plus revenue.
Pourquoi ?
J’ai réalisé intérieurement que si je devais m’investir dans une autre activité passionnante, il faudrait que ma rémunération soit à la hauteur. Sinon, cela n’en valait pas la peine.
Pourtant plusieurs années après, on vous revoit dans des films. Qu’est-ce qui a bien pu se passer ?
Vingt ans plus tard, le même réalisateur me sollicite pour une série qu’il prépare, “Les coups de la vie”. Il me demande de jouer dans la première histoire. J’avais quelques appréhensions, mais une fois sur le plateau, j’ai été convaincante.
Coup d’essai, coup de maître. Ensuite, il y a eu ‘‘’Cacao’’ de Alex Ogou, ‘’le ticket à tout prix’’et j’ai reçu de nombreuses sollicitations. Parmi celles-ci, j’ai reçu un appel de Nollywood.
On m’a proposé un rôle parmi les trois actrices principales. Les choses devenaient sérieuses. Il fallait être bilingue
J’ai joué le rôle d’une jeune femme au caractère masculin. Nous avons terminé une grande partie du tournage au Nigeria, au Bénin, en Côte d’Ivoire, puis au Sénégal avec ‘’Trois plats froids’’ (Three Cold Dishes en anglais).
A vous entendre, l’aventure du cinéma vous tente ?


Bien sûr, cette aventure cinématographique me tente. D’ailleurs, j’ai co-produit un long métrage avec Alain Guikou que nous avons présenté à Los Angeles aux États-Unis. Il a été bien accueilli et j’ai pu établir des contacts intéressants. Après cela, je me dis : pourquoi pas Hollywood ?
J’avoue que c’est un sujet qui me fait beaucoup réfléchir. Ce n’est pas à exclure. Il y a bien de raisons de faire une carrière au regard des lauriers glanés notamment au SOTIGUI Awards 2021 avec le prix de la meilleure actrice Afrique de l’Ouest.
Que faites-vous hormis le mannequinat et le cinéma ?
Je me suis investie dans l’immobilier, le transport et la communication, en plus du mannequinat et du cinéma. ça fait 8 ans que je me suis lancée à mon propre compte. J’ai toujours aspiré à devenir une femme modèle, utile et indépendante.
Parlez-nous de vos débuts…
J’ai acquis mes premiers taxi grâce aux différentes campagnes publicitaires pour lesquelles j’étais sollicitée. Il faut dire qu’à l’époque,les publicités étaient bien rémunérées. Mon incursion dans l’immobilier a été favorisée par mon père qui travaille dans le domaine.je l’accompagnais parfois sur ses chantiers. C’est ainsi que mon amour pour l’immobilier a vu le jour. J’ai ensuite intégré des entreprises dans lesquelles j’ai exercé comme commerciale où je vendais des villas. J’ai investi mes commissions dans l’achat de villas que je revendais. Je suis ensuite passée à l’achat de terrains pour enfin me lancer dans la construction et la rénovation de biens immobiliers.
J’ai également tenté l’expérience du transport avec des camions de sable et de gravier. Cela s’est avéré être une expérience malheureuse. J’ai confié l’exploitation à des personnes peu fiables. Finalement, j’ai dû abandonner cette activité pour me consacrer entièrement à l’immobilier.
Quels sont les projets réalisés ?
Nous avons réalisé plusieurs projets, notamment des villas que nous revendons. Nous avons également construit des immeubles R+3 et R+4 comprenant plusieurs appartements. De plus, nous travaillons sur des projets personnalisés pour des particuliers. FT Immobilier dispose d’une équipe compétente qui permet de mener à bien ces projets.
Comment parvenez-vous à trouver l’équilibre avec autant de tâches ?


Je dois tout aux personnes qui m’entourent au quotidien. Rien n’est évident ou facile. Nous éliminons les mauvaises influences pour ne garder que les bonnes. Cela fait environ huit ans que je suis engagée dans ces activités. Au début, c’était difficile au point que j’ai failli abandonner. Mais là tout se passe bien.
Quels sont vos conseils à l’endroit des jeunes filles qui vous suivent ?
Si tu veux te lancer dans la mode, il faut foncer. Il est surtout essentiel d’avoir quelque chose de différent, de sorte que les créateurs pensent directement à toi lorsqu’ils conçoivent leurs robes, afin de te mettre en valeur et mieux vendre leurs créations. Car ce sont les créations du désigner qu’on est censé mettre en valeur et non pas uniquement le mannequin.
Je vous recommande de vous former pour ne pas dépendre uniquement d’une seule profession. Il est judicieux d’avoir une activité qui peut générer un revenu convenable et régulier. Il ne faut pas se limiter en tant que femme. Il faut se lancer en exploitant ses talents et ses forces, et non pas se laisser guider par des normes préétablies.
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