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La dot en Côte d’Ivoire

Une soixantaine d’ethnies peuplent la Côte d’Ivoire. Elles sont regroupées en quatre grands groupes : Akan, Gour, Mandé et Krou. Chaque groupe s’identifie par ses us et coutumes.

Le mariage coutumier, traditionnel ou dot est une pratique bien ancrée en Côte d’Ivoire, qui précède le mariage civil. Il met en relation deux ou plusieurs familles. Ici, chaque groupe ethnique fixe ses règles ainsi que les éléments constitutifs de la dot. La différence entre ces groupes ethniques s’exprime par une démarche propre à chacun. Dans cet article, nous présenterons le mode opératoire des quatre grands groupes ethniques qui forment le peuplement de la Côte d’Ivoire.

Pour les Akan, la dot symbolise le respect envers la famille de la future épouse, la reconnaissance de sa valeur et de son importance au sein de la communauté, ainsi que l'engagement et la responsabilité de l'homme envers sa future épouse et sa famille.
Pour les Akan, la dot symbolise le respect envers la famille de la future épouse, la reconnaissance de sa valeur et de son importance au sein de la communauté, ainsi que l’engagement et la responsabilité de l’homme envers sa future épouse et sa famille.

Akan
Ce peuple occupe la partie centre, est et sud du pays. Si la démarche diffère à un détail près, il faut dire que la plupart des ethnies qui constituent ce groupe ont les mêmes fondamentaux et accordent tous une grande importance à la dot.
Chez les Baoulés, une ethnie de ce grand groupe, le mariage traditionnel est celui qui est le mieux perçu. Il se fait en deux étapes. La première, que l’on nomme kôkô, consiste pour le prétendant à venir se présenter officiellement aux parents de sa fiancée. Une liqueur leur est offerte. Après cette étape vient celle de la dot. Un véritable cérémonial est exécuté, avec son lot de procédures, pour unir les deux familles. La mariée est habillée de ses plus beaux vêtements et parée de bijoux. Sa famille reçoit du sel, des allumettes et souvent du tabac. Le tout est couronné d’une somme de 6 000 francs CFA, à laquelle on ajoute 60 francs remboursables en cas de divorce. Certaines ethnies, en revanche, demandent que l’on y ajoute 5 francs.

Gour
Le peuple Gour est localisé au nord ainsi qu’au nord-est de la Côte d’Ivoire. On y trouve les Sénoufos, les Lobis…
Chez les Sénoufos, principalement les Nafaras, le mariage coutumier se fait selon trois étapes : la demande de la main, la formalisation de l’alliance, puis l’union du couple. La famille du fiancé doit, pour marquer son intérêt à celle de la future épouse, procéder à la demande de la main en lui offrant du bois de chauffe. Une fois cette demande acceptée, il faut formaliser l’alliance. Le fiancé offre un panier de grains de maïs, du savon, un complet de pagnes, une somme de 5 000 francs CFA destinée à la couture, ainsi que de la pommade. Par ailleurs, les fiancés ont l’obligation d’aider leurs belles-familles paternelle et maternelle dans les travaux champêtres. Puis vient le moment de la prise de foyer, qui est l’ultime étape de cette union. Il revient au fiancé de formuler une demande auprès de sa belle-famille. Un rituel est d’abord exécuté pour obtenir l’accord des ancêtres. Une semaine après, le fiancé se rend nuitamment chez sa belle-famille, où il peut passer sa première nuit officielle avec sa dulcinée. Le mariage étant ainsi consommé, le couple pourra emménager ensemble.

La dot, une institution tant exigée dans le processus de mariage traditionnel en Afrique, est devenue une pratique légale en Côte d'Ivoire. Désormais, plus de prison à cause de la dot.
La dot, une institution tant exigée dans le processus de mariage traditionnel en Afrique, est devenue une pratique légale en Côte d’Ivoire. Désormais, plus de prison à cause de la dot.

Mandé
Subdivisé en deux grands groupes, les Mandés du Nord et les Mandés du Sud, ce groupe ethnique est localisé au nord-ouest ainsi qu’à l’ouest de la Côte d’Ivoire. Il regroupe plusieurs ethnies dont les Malinkés (Mandés du Nord) et les Yacouba.
Chez les Malinkés, le mariage traditionnel se fait selon différentes étapes, réparties sur plusieurs jours. Tout débute par l’attachement de la noix de cola, qui constitue la demande en mariage. Ensuite vient le jour du mariage, où deux tranches de cola (rouge et blanc), représentant les fiancés, sont enroulées dans un pagne blanc. Cette cérémonie se déroule dans une mosquée, après quoi la mariée est conduite chez son mari. Naturellement, des dons en espèces sont offerts à la famille de la mariée.
D’un autre côté, les Yacouba, appartenant à l’ethnie Dan, reçoivent également la dot qui permet de sceller une alliance entre deux ou plusieurs familles. Cette dot peut être versée en nature ou en espèces, selon la volonté des parents de la mariée. Toutefois, il faut retenir qu’en plus de l’argent, le futur marié doit offrir de la cola, du vin de palme et certaines autres boissons, du bétail et des boubous traditionnels.

Un couple en tenue traditionnelle ivoirienne
Un couple en tenue traditionnelle ivoirienne

Krou
Le groupe Krou, quant à lui, regroupe un ensemble de peuples dont les origines sont à la fois au Libéria et en Côte d’Ivoire. En Côte d’Ivoire, ils occupent le littoral atlantique et le sud-ouest. Ce groupe est composé d’une quinzaine d’ethnies environ, avec des traits culturels presque communs. Dans ce groupe, les Bétés constituent le peuplement le plus important ; c’est donc leur cérémonie traditionnelle de mariage que nous décrirons.
Elle est payée en nature comme en espèces. Le montant en espèces est souvent jugé exorbitant, mais cela n’empêche pas les unions d’être célébrées. La dot chez les Bétés est payée par le père du marié. Les éléments en nature peuvent être négociés, mais en tenant compte de certaines qualités que possède la future mariée. En cas de divorce, la dot est entièrement remboursée par les parents de la femme.

Mano

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