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L’épopée de Soundjata revisitée en opéra par Abass Zein

Abass Zein, artiste polyvalent et passionné des cultures africaines, nous entraîne dans une adaptation lyrique de l’histoire de Soundjata Keïta. Ce spectacle, qu’il définit comme un opéra inspiré de la civilisation mandingue, mêle musique, chant et danse pour célébrer les valeurs humaines et le patrimoine africain.

Comment vous définissez-vous ?
Je me considère comme un véritable homme-orchestre. Je touche à tout : l’écriture, la scénographie, la chorégraphie, la musique, le décor, et le costume. À bien y regarder, je suis avant tout un auteur et metteur en scène.

Qu’est-ce qui vous a inspiré à adapter l’histoire de Soundjata à l’opéra ?

J’ai appris l’histoire de ce continent à l’école publique. Depuis mon enfance, l’histoire de Soundjata Keïta m’a toujours fasciné, au même titre que les contes qui nous font rêver.

En tant que metteur en scène, je travaille depuis quelque temps sur les civilisations africaines et leur apport au monde. Ce que beaucoup ignorent, c’est que Soundjata Keïta a inspiré les premières lois sur les droits humains à travers la Charte du Mandé. Celle-ci prônait l’abolition de l’esclavage et la dignité humaine, des concepts repris des siècles plus tard par des révolutions comme celle de 1789.

Pourquoi l’avoir baptisé ‘’opéra ‘’ ?

J’ai choisi le terme opéra pour ce projet, car je voulais dépasser le cadre d’un simple concert ou d’une comédie musicale. Le mot opéra s’inscrit mieux dans l’esprit et la vision que je souhaitais donner à cette œuvre, avec une forte influence des musiques et sonorités mandingues.

Combien de comédiens y participeront et quels ont été vos critères de sélection ?
Nous serons 75 artistes sur scène, incluant comédiens, chanteurs, danseurs, et musiciens. Avec les équipes techniques et logistiques, le projet mobilise environ 150 personnes. Pour ce spectacle, la distribution est entièrement renouvelée, composée de talents avec qui je n’avais jamais collaboré auparavant.

C’était un choix de la production pour offrir une chance à de nouvelles voix. Les critères principaux étaient la polyvalence : être chanteur, comédien ou danseur.

Combien de temps a nécessité la préparation ?

Nous avons commencé les répétitions en juin avec quatre séances par semaine. Chaque discipline occupe un tiers du spectacle : théâtre, danse, et chant. L’accent a été mis sur une approche scénique naturelle et fluide, laissant les interprètes apporter leur touche personnelle, tant qu’ils respectent l’essence de l’histoire.

Quels instruments avez-vous intégré pour respecter la culture mandingue ?

Nous avons inclus des instruments traditionnels comme le n’goni, le balafon, la kora, les percussions et la flûte mandingue. Ces sonorités ont été enrichies par des instruments modernes, comme le violon, pour offrir une expérience musicale unique. Bien que baptisé opéra, ce spectacle conserve l’âme du Mandé à travers ses sonorités authentiques.

Quels défis avez-vous rencontrés pour rester fidèle à l’authenticité mandingue ?
Le premier défi était la langue. Nous avons évité le bambara moderne pour retrouver des expressions plus proches de l’époque de Soundjata. Nous avons sollicité des personnes qui ont réécrit certains textes et formé les acteurs à l’accent et aux gestes spécifiques, comme les salutations royales ou les modes d’applaudissements.

Quelles valeurs espérez-vous transmettre à travers ce spectacle ?

La persévérance et la foi en son destin sont des valeurs clés, illustrées par le parcours de Soundjata, parti de rien pour accomplir de grandes choses. L’humanité et la déclaration des droits humains sont également au cœur de ce récit intemporel.

Quelles sont les dates du spectacle ?

Le spectacle se tiendra les 12, 13 et 14 décembre à l’Institut français. (NDLR : les deux premières dates sont déjà complètes au moment de cette interview, le 12 novembre). Chaque représentation durera entre 1h45 et 2 heures. Je tiens à remercier l’Institut français pour son soutien.

Quel avenir pour Soundjata ?

Son avenir dépendra des volontés institutionnelles. J’aimerais que cette œuvre voyage, mais déplacer une centaine de personnes est un défi logistique et financier.

Une alternative serait de travailler en collaboration avec des artistes locaux pour des représentations dans différentes régions. Tout repose sur une réelle volonté.

Texte : Mano

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