Audrey Monteil : « Chaque animal sauvé est une victoire pour le bien-être animal en Côte d’Ivoire »

Depuis 2017, le Comité de Protection des Animaux (CPA), présidé par Audrey Monteil, œuvre pour le sauvetage, le soin, et l’adoption d’animaux en détresse en Côte d’Ivoire. Avec un refuge opérationnel depuis 2021 et des initiatives de sensibilisation, l’association ne cesse d’élargir son impact malgré des défis multiples.
Comment est née l’idée de créer une telle association ?
L’idée m’est venue en me promenant dans les rues d’Abidjan et en voyant des chiens errants, parfois blessés. Constatant qu’il n’existait aucune structure pour leur venir en aide à cette époque, j’ai décidé de fonder une association. Au début, nous soignions les animaux avec nos propres moyens financiers. Progressivement, nous avons introduit des frais d’adoption, couvrant d’abord un vaccin, puis deux, et aujourd’hui la stérilisation est obligatoire pour chaque adoption.
En créant cette association, pensez-vous répondre à un besoin ?
Je ne parlerais pas d’un besoin. Sans notre existence, il n’y aurait pas d’adoptions d’animaux en détresse, seulement le commerce d’animaux par des éleveurs. Adopter un animal sauvé est perçu comme un geste altruiste. Au CPA, nous n’avons pas de chiens de race ; ceux qui nous contactent pour une adoption souhaitent surtout sauver un animal avec un passé difficile.
De 2017 à aujourd’hui, avez-vous remarqué un engouement croissant pour l’adoption ?
Oui, certainement. À nos débuts, nous fonctionnions uniquement avec des familles d’accueil, ce qui limitait notre capacité d’accueil. La création du refuge en 2021 a changé la donne, nous permettant de prendre soin de 40 chiens simultanément, tout en continuant à collaborer avec des familles d’accueil. Aujourd’hui, l’association a grandi, nous avons des partenariats avec des vétérinaires, des particuliers, et des entreprises qui nous soutiennent financièrement à hauteur d’un million de francs CFA par mois, sur un budget annuel de 10 millions.
Quelle est votre démarche pour recueillir les animaux ?
Nous recevons des signalements par téléphone ou via notre page Facebook. Selon l’urgence et la disponibilité au refuge, nous accueillons les animaux les plus en détresse, notamment ceux qui présentent des signes évidents de souffrance ou de malnutrition.

Comment définissez-vous une situation d’urgence ?
Un animal qui erre mais semble en bonne santé n’est pas notre priorité. En revanche, un animal maigre ou blessé requiert une intervention immédiate. Nous ne recueillons pas les animaux abandonnés par leurs propriétaires. Cependant pour ceux qui insistent à abandonner leurs chiens, nous leur imposons des frais très élevés pour les dissuader.
Quel bilan dressez-vous pour l’année 2024 ?
- 42 animaux sauvés, dont 21 chiens et 21 chats
- 38 animaux adoptés
- Plus de 15 balades organisées pour les animaux du refuge
- Des centaines d’annonces diffusées pour aider des propriétaires à retrouver leurs animaux perdus
- 8 sponsors engagés
- Participation à divers événements comme le loto, le cani jumping et des salons animaliers
Assurez-vous un suivi des animaux adoptés ?
Nous faisons un suivi minimal après adoption. Par manque de ressources humaines, nous ne pouvons pas visiter les domiciles. Cependant, nous demandons aux adoptants de nous tenir informés et de nous envoyer des photos régulièrement.
Recevez-vous davantage de demandes pour les chiens ou les chats ?
Les demandes pour les chiens sont plus nombreuses.
Quels sont les principaux défis que vous rencontrez ?
Les lois existantes sur le bien-être animal sont obsolètes, peu connues, et rarement appliquées. Par exemple, seule une condamnation a été prononcée contre une personne ayant abattu son chien. De plus, les termes comme « acte de cruauté » contenus dans cette lois restent vagues et ouverts à interprétation.
Quel type d’aide attendez-vous des pouvoirs publics ?
Nous espérons que le ministère des Ressources Animales et Halieutiques organise des campagnes de stérilisation pour réduire le nombre d’animaux errants.
Quelles sont vos priorités pour 2025 ?
- La 4ᵉ édition du loto du CPA en mars
- La 2ᵉ édition du cani jumping, un concours équestre au profit de l’association
- La recherche active de sponsors pour améliorer les conditions de vie des animaux au refuge
Un appel à l’aide ?
Nous avons besoin de fonds pour couvrir les frais croissants du refuge, notamment les soins vétérinaires. Nous garantissons aux donateurs, une transparence totale grâce à une newsletter détaillant nos comptes.
Un mot pour les Ivoiriens ?
Si vous voyez un animal en détresse, aidez-le et contactez-nous via notre page Facebook : Comité de Protection des Animaux CI.